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RACINES LUPÉENNES GÉNÉALOGIE & HISTOIRE du VAL de SEMOUSE au VAL DE SAÔNE
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3 janvier 2010

LES FUSILS À L'ÉCOLE_FIN DU XIX ème siècle

LES FUSILS A L’ÉCOLE

Les bataillons scolaires à la fin du XIXème siècle

Un peu d’histoire après la guerre de 1870

Je n’ai pas la prétention d’étudier ni les causes, ni les opérations militaires, ni la fin de cette guerre franco-allemande si meurtrière et si douloureuse. Mais en rappelant brièvement les conséquences du traité de Francfort du 10 mai 1871.

Je veux rappeler les conséquences scolaires dans notre pays, de cette guerre désastreuse.

Pour conclure la paix, il avait fallu abandonner presque tout notre matériel de guerre, subordonner les intérêts de notre commerce à ceux du commerce allemand, payer une indemnité ruineuse de 5 milliards et surtout céder l’Alsace Lorraine (sauf Belfort) ; terres françaises depuis Louis XIV, soit au total 15000 km² et deux millions d’habitants. En 1889, dix années de labeur acharné n’ont pas encore suffi pour rendre à la France son ancienne puissance. Notre nouvelle frontière a été reconstituée et protégée, nos forces militaires sont en état de parer à une agression, mais la dette publique s’est accrue de 12 à 26 milliards. Le budget s’élève à 3 milliards et demi dont plus de 2 milliards sont absorbés par la dette, par les dépenses de la guerre et de la marine militaire.

Une menace de guerre générale plane sur l’Europe depuis 1870, paralyse l’énergie du monde entier et entretient la fièvre des armements.

Les exercices militaires à l’école.

Après le désastre militaire de Sedan (1870) les Républicains se rangent à l’idée que «  le rôle du maître est d’initier le jeune enfant au devoir militaire et au respect de la patrie ».

Les hommes politiques et les chefs militaires conseillent aux enseignants « faites-nous des conscrits vigoureux, patriotes et moralement énergiques ». La loi du 20 janvier 1880 impose les exercices physiques dans les lycées à seule fin de former des citoyens vigoureux.

Le livre de poche du soldat rappelle que le service militaire doit être accompli avec « résolution, entrain, bravoure, dévouement, abnégation, discipline et patriotisme ».

Le 6 juillet 1882, un décret signé par J. GREVY, président de la République et J. FERRY, Ministre de l’Instruction Publique, BILLOT, Ministre de la Guerre et GOBLET, Ministre de l’Intérieur, porte création des bataillons scolaires.

L’institution de ces bataillons se répandra dans toutes les écoles de France et de nombreux décrets et circulaires leur donneront un caractère légal.

Décret du 6 juillet 1882

Article 1er. Tout établissement public d’instruction primaire ou secondaire ou toute réunion d’écoles publiques comptant de deux cents à six cents élèves âgés de douze ans et au dessus pourra, sous le nom de bataillon scolaire, rassembler ses élèves pour les exercices gymnastiques et militaires pendant toute la durée de leur séjour dans tous les établissements d’instruction.

Les écoles privées, ne sont pas oubliées dans le décret.

En effet, l’article 12 précise qu’elles sont autorisées « soit à incorporer leurs élèves dans le bataillon scolaire du canton, soit,  si leur effectif est suffisant, à former des bataillons scolaires distincts… »

L’arrêté du 27 décembre 1882, tenant compte des difficultés rencontrées lorsque les enfants sont réunis en nombre insuffisant pour constituer un bataillon, « il importe de laisser aux établissements scolaires les plus grandes facilités pour donner aux enfants l’instruction dont il s’agit »

Au début, les bataillons scolaires se développeront principalement sur les frontières de l’Est, dans le Territoire de Belfort, les Vosges, le Doubs, la Haute-Saône, la Meurthe et Moselle, la Marne avant de s’étendre à toute la France.

Il s’en est suivi une panoplie de décrets, d’arrêtés, de circulaires, d’instructions qui organisera la bonne marche de cette institution : ainsi résolus, pour les écoles, les problèmes aussi divers de l’encadrement des exercices, des drapeaux, des uniformes, de la tenue des instructeurs, du recrutement et de la révocation éventuelle de ces derniers, des revues militaires, du contrôle médical, de l’inspection générale et principalement de l’armement et des exercices de tir de nos bataillons scolaires. Je me limiterai à ces deux derniers points qui évoqueront davantage la vie dans nos écoles à cette époque.

Armement des Bataillons Scolaires :

Décret du 6 juillet 1882

Article 9 : Le bataillon scolaire ne pourra être armé que par des fusils conformes à un modèle adopté par le Ministre de la Guerre et poinçonné par l’autorité militaire. Ces fusils dont la fabrication sera abandonnée à l’industrie privée, devront présenter les trois conditions suivantes : n’être pas trop lourds pour l’âge des enfants ; comporter tout le mécanisme du fusil de guerre actuel ; n’être pas susceptibles de faire feu, même à courte portée. Ces fusils seront déposés à l’école.

Les types de fusils préconisés vont de la carabine Flobert au fusil de guerre Lebel (circulaires des 27 juillet 1893 et 16 août 1895, Ministre POINCARÉ). Dans les écoles, les exercices militaires se feront souvent avec des fusils en bois de facture plus ou moins élaborée.

Le journal des instituteurs n° 34 d’octobre 1880 signale que « d’après des dispositions arrêtées entre les départements de l’instruction publique et de la Guerre, les établissements scolaires possédant des armes d’un modèle autre que celui fixé pour l’armement de ces établissements peuvent les échanger contre un nombre égal de fusils du dernier modèle en s’adressant directement aux directions d’artillerie »

Enfin «  en vue de donner satisfaction à divers demandes, le Ministre a décidé que les armes employées par les bataillons scolaires pourraient à l’avenir, être munies d’épées-baïonnettes, sous la condition que ces épées, fabriquées soit en acier, soit en toute autre matière, auront leur pointe arrondie ». (Paris, le 25 avril 1883, annexe n°4 du bulletin officiel du Ministre de l’intérieur).

Fusil et Baïonnette Gras de Bataillon Scolaire, Troisième République.

Fusil_Gras

Toujours dans le journal des instituteurs n° 37 d’août 1881, le Président du Conseil, Jules FERRY, annonce dans une lettre aux Recteurs « l’ouverture au budget d’un crédit de un million de francs pour la fabrication des fusils destinés à l’enseignement du tir dans les écoles primaires publiques de garçons. Trois fusils seront donnés à chaque école, deux pour la pratique du tir, un pour la démonstration du mécanisme ». L’envoi en sera fait à l’inspection académique qui se chargera de la répartition aux instituteurs.

Enfin, (journal des instituteurs n° 46 de novembre 1881).

J. FERRY, dans une lettre aux Préfets, annonce la prochaine livraison de ces fusils et informe les municipalités qui désireraient acquérir des fusils d’exercice qu’elles devront s’adresser à l’industrie privée (avec aide possible du Ministre) « dans la limite de ses ressources ». Il rappelle toutefois que « le fusil d’exercice ne doit pas être susceptible de recevoir la cartouche, tout en se rapprochant autant que possible, comme mécanisme, du modèle en usage dans l’armée ; il va sans dire que son poids et ses dimensions seront en rapport avec les forces des enfants qui auront à le manier »

Un arrêté complémentaire (divisé en 10 articles) des Ministres concernés précisera dans son article 1er que les fusils scolaires, destinés aux exercices de tir et mis en service à raison de trois par école, seront ainsi que les munitions, déposés soit dans les casernes de gendarmerie, soit dans les magasins des corps de troupes, suivant les ordres de l’autorité militaire.

(La dépense se monte à 0,009 fr par cartouche à la charge des établissements scolaires). Pourtant une allocation payée par les fonds de l’armement est attribuée à raison de 0,002 fr par cartouche.

L’Union des sociétés de Tir de France « dispose chaque année, en faveur des écoles primaires de garçons, de 90 matériels de tir scolaire, comprenant : la carabine « la Française » et une plaque de tir porte-carton.

(Bulletins de l’Instruction primaire 1902, 1903, 1904, 1905).

Les Exercices Militaires. Le Tir

Préambule, de la circulaire du 16 août 1895, le Ministre de l’Instruction Publique, R. POINCARÉ, développe sur une trentaine de pages une instruction spéciale « qui servira de guide aux instituteurs pour l’installation des stands, choix des armes, mécanisme et règles à observer dans la pratique du tir ». « Messieurs les instituteurs savent qu’ils n’ont pas seulement pour mission de donner aux enfants l’instruction primaire, mais qu’ils ont la charge encore plus haute de préparer pour leur pays de bons citoyens et d’utiles défenseurs.

Le législateur, en les appelants eux-mêmes sous les drapeaux, a voulu qu’ils puissent

Prêcher l’exemple et dire aux enfants ce que l’on doit à sa patrie, et quelle école de devoir et de discipline est l’armée nationale. L’enseignement du tir ayant désormais sa place dans les établissements d’instruction publique, l’instituteur devra s’attacher à faire comprendre à ses élèves quelle importance il y a pour l’armée, et, en même temps, il leur expliquera qu’il y va de leur propre intérêt, puisqu’un bon tireur peut mieux qu’un autre assurer sa sécurité personnelle ».

Tout est prévu dans cette circulaire depuis le choix de l’arme, l’installation du tir (stand, champ de tir, cible, plaque, cartouches), l’instruction du tireur (définitions, précision, réglage, justesse), l’instruction du tireur (ligne de mire, viser, pointer), le port et le maintien de l’arme à l’épaule, l’action du doigt sur la détente, le feu simulé, la pratique du tir, l’exécution des tirs et le contrôle, jusqu’en annexe des détails techniques sur les armes, leurs fonctionnement, entretien, démontage et remontage).

Caisse de garantie contre les accidents de tir

(Bulletin départemental n°10, 1904)

« L’Union des sociétés de tir de France fait connaître au Ministre de l’instruction publique que la Caisse de Garantie contre les accidents de tir, à titre gratuit pour tous les instituteurs ayant organisé le tir dans leurs écoles et prenant par au championnat de tir dans les écoles primaires, n’a subi aucun prélèvement pendant l’année 1903/1904 et que son capital reste fixé à 20 000 francs ». Il est rappelé aux instituteurs qu’il leur suffit, s’ils veulent bénéficier de cette garantie, d’en faire la demande au siège de l’Union.

Uniformes

En ce qui concerne les uniformes des bataillons scolaires, on va assister à une floraison de costumes aussi divers que bizarres, allant de la copie piou-piou des soldats en campagne, à l’exotisme des zouaves en passant par les tenues de petits marin.

Déclin des Bataillons Scolaires

Ces bataillons ne remportent pas un grand succès dans l’enseignement secondaire. Dans les écoles primaires, l’enthousiasme est certain, mais on constate un essoufflement du patriotisme scolaire dont les manifestations ont été d’une grande ferveur jusque vers 1884/1885. Ils sont alors de toutes les parades, de tous les défilés et notamment la grande fête républicaine du 14 juillet, instituée Fête Nationale en 1880.

Le déclin est lié à la crise du boulangisme et à son échec. Mais aussi à d’autres facteurs. Il apparaît à bon nombre qu’initier les enfants à la vie militaire est absurde et que les astreindre à une discipline rigide tendrait plutôt à les en dégoûter. On crie à la parodie d’armée, à la pantalonnade. Les parents se lassent de voir leurs gamins jouer aux soldats. Le clergé par nature antirépublicain, montre son hostilité aux grandes célébrations publiques qui exhibent cette jeunesse costumée et de fait ridiculisent l’armée.

Mais aussi, les instituteurs se lassent et les organisateurs constatent que les enfants ne sont motivés que par le prestige de l’uniforme et le goût de la parade. Cette formation était inefficace, car trop éloignée de l’âge de la conscription. On doute de la valeur éducative de cette institution qui ne correspond plus à l’image que s’en faisaient leurs initiateurs. De plus, l’entretien coûte cher, que se soit pour l’établissement ou plus souvent pour la municipalité, qui finance cet enseignement patriotique. Cette expérience prend fin en 1892.

Exercices_du_Tir                                     

Exercices de Tir                                                                                           

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